INTERVIEW | Le Père Hoan du Vietnam au Quercy

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Publié le 5 mai 2023

Le Père Pierre Hoan, incardiné par Mgr Guellec lors de la Messe Chrismale, se livre dans un très bel entretien sur sa vocation et son attachement au diocèse de Montauban. Il est même question de cuisine…

Bonjour mon Père, vous avez été incardiné dans le diocèse de Montauban par Monseigneur Guellec. Nous sommes tous ravis de vous avoir avec nous et nous vous sommes très reconnaissants d’avoir choisi de servir notre diocèse. Mais pourquoi avoir décidé de quitter votre si beau pays ?

A vrai dire, je n’ai jamais pensé rester en France pour exercer mon ministère. Je pensais retourner dans mon pays après mes études, pour retrouver mes parents, frères et sœurs. A votre question, je voudrais répondre en deux parties.

pourquoi suis-je venu en France ?

Jusqu’en 2006, dans mon pays, nous avions des quotas que le gouvernement imposait pour entrer au séminaire. Nous étions des centaines de jeunes à vouloir entrer au séminaire pour devenir prêtres, mais il n’y avait qu’un seul séminaire pour 8 diocèses. Tous les deux ans, chaque diocèse ne pouvait envoyer que 7 jeunes au grand séminaire d’Hanoi.

Comme nous avions beaucoup de vocations, mais très peu de possibilités d’entrer au séminaire, les évêques ont cherché des bourses à l’étranger en France, aux Etats-Unis, en Belgique, en Allemagne, en Espagne, en Italie… C’est ainsi que j’ai été envoyé au séminaire de Toulon pour devenir formateur au séminaire d’Hanoi.

En 2009, le gouvernement a voulu confisquer le terrain de l’évêché d’Hanoi. L’archevêque, Mgr Kiet, a contredit publiquement cet acte et réclamé la liberté religieuse.

Sous pression du Parti communiste, il a dû démissionner mais a pris soin, quelques mois avant, de me rendre visite au séminaire de Toulon et m’a présenté deux choix : devenir prêtre en France ou rentrer au Vietnam. J’ai tout d’abord pensé de revenir dans le diocèse de Bui Chu, qui est mon diocèse, mais je ne connaissais pas l’évêque. J’étudiais, à ce moment-là, avec un séminariste du diocèse de Thai Binh et lui ai demandé de me présenter à son évêque afin d’être incardiné dans son diocèse. J’ai finalement été ordonné diacre le 7 décembre 2011 à Toulon, puis prêtre, 6 mois plus tard, le 24 juin 2012 pour le diocèse de Thai Binh et ai été envoyé à l’ICT (Institut Catholique de Toulouse) pour étudier la théologie et le droit canonique, tout en rentrant au service du diocèse de Montauban.

pourquoi suis-je resté en France ?

Au Vietnam, nous n’avons pas assez de paroisses pour tous les prêtres. Voyant le manque de prêtres en France, et après avoir consulté notre évêque Mgr Alain Guellec et Mgr Dominique Cau, le nouvel évêque de Thai Binh, j’ai décidé de rester dans le diocèse de Montauban. Cette décision est un choc pour mes amis prêtres vietnamiens, qui ont exercé la pastorale en France et sont rentrés au Vietnam. Ils sont heureux et ils m’ont conseillé de rentrer au Vietnam. Ma décision de rester en France est peut-être aussi un choc pour ma famille, car jusqu’à aujourd’hui, personne de ma famille, sauf ma sœur religieuse, n’est au courant de ma décision de rester définitivement en France. Mais pour être fidèle à sa vocation, il faut le sacrifice. Dans le passé, les missionnaires français ont quitté leur pays pour évangéliser le Vietnam. Aujourd’hui, c’est mon tour de rester pour vous remercier. C’est grâce à vous que nous avons 8 millions de catholiques. Je pense que dans l’avenir, je pourrai aider mon pays, par exemple, en donnant des cours aux séminaires de Bui Chu et de Thai Binh, pendant mes vacances. C’est aussi un projet dont j’ai parlé avec Mgr Guellec et Cau.

Le Tarn-et-Garonne est un département agricole, est-ce que le fait d’avoir vous-même été riziculteur vous aide à comprendre le terrain ?

Mes parents sont agriculteurs. J’étais moi-même agriculteur avant le séminaire. Nous cultivions riz, maïs, patates douces, manioc… Je continue encore ce travail au jardin du presbytère de Moissac, où je sème des légumes vietnamiens. Le climat au Vietnam est très dur, très chaud en été et très humide en hiver. Il y a souvent des cyclones et des tempêtes. Je suis donc très sensible à la vie des agriculteurs. Et voilà ! Le Seigneur m’a envoyé dans une paroisse où il y a beaucoup de paroissiens qui sont agriculteurs ! Je suis dans la joie quand ils me disent qu’ils ont fait une bonne récolte, je souffre quand ils perdent leurs récoltes. Après quelques années de sécheresse et de gel dans notre région, nous avons trouvé une méthode pour soutenir l’agriculture par la prière. Grâce à Sylvain et Elodie Lemouzy, des rogations ont été faites en avion l’an dernier.

Les rogations ont plu aux agriculteurs, qui ont senti que l’Eglise marchait avec eux.

D’ailleurs, un agriculteur est venu me dire que la bénédiction des champs avait été efficace car les champs de notre région avaient échappé aux grêles.

Cette année, les Rogations auront lieu le samedi 13 mai, jour de la Fête de Fatima. En tête du convoi, je serai le passager d’une moto, avec le bénitier dans la main. Derrière les motos une camionnette portera une statue de Notre-Dame de Fatima, car c’est le 13 mai.

Qu’est-ce qui vous attache aujourd’hui à Moissac ?

Les paroissiens de Moissac sont dynamiques et très disponibles. Quand l’équipe pastorale a une idée pour l’évangélisation, les paroissiens participent très activement. Ils aiment beaucoup les processions, comme moi-même. Nous nous sommes bien trouvés pour ainsi dire ! Et nous faisons plusieurs processions par an !

Moissac est aussi une paroisse qui aime se retrouver. Les repas paroissiaux rassemblent facilement 200 personnes, voire 300 parfois même. La paroisse de Moissac est pour moi comme une famille. Je crois pouvoir dire que les paroissiens m’aiment beaucoup et que je les aime comme ma propre famille.

Une dernière question, plus personnelle. Vous êtes manifestement très heureux à Moissac. Mais est-ce que la soupe Phở vous manque ?

Je suis né dans une famille nombreuse. Mes parents étaient souvent absents à cause de leur travail supplémentaire à Hanoï. Être agriculteurs ne suffisait pas pour nourrir 9 bouches. Du coup, j’ai appris à cuisiner pour mes frères et sœurs, quand j’avais 10 ans. Je suis le deuxième enfant dans la famille, ma sœur ainée entrée dans une congrégation à 16 ans et mes parents souvent partis pour Hanoi, j’ai dû apprendre à faire la cuisine. Grâce à cela, je sais faire les plats vietnamiens comme les “nems”, les rouleaux printemps, le porc au caramel… Le Phở est pour moi une soupe très facile à faire et ne me manque donc pas !

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