Fête du Christ Roi : Homélie

LE MOT DE MONSEIGNEUR GUELLEC
L’année liturgique se termine avec la fête du Christ Roi de l’univers et le passage de l’Évangile selon saint Matthieu que nous venons d’entendre achève aussi le récit de la vie active de Jésus, avant que commence celui de sa passion, de sa mort et de sa résurrection.
Quand Jésus parle de sa venue, il emploie un vocabulaire riche et varié. Il parle du « Fils de l’homme », celui qui exerce le jugement dernier. Puis il parle d’un Roi qui dirige et qui est aussi « Fils de Dieu ».
Enfin, il emploie le vocabulaire pastoral qui présente Dieu comme le « berger » d’Israël. Image qui rejoint celle qu’évoquait le prophète Ezéchiel. Jésus s’est présenté lui-même comme le bon Pasteur qui prend soin de son troupeau.
Jésus assume donc une fonction de roi, mais d’une manière très particulière. Il ne dispose pas de tous les attributs des puissants de ce monde, ni d’un territoire, ni de trône, ni d’armée.
Son programme de gouvernement, sa ligne politique, pourrait-on dire, tiennent en quelques expressions : Je suis au milieu de vous comme celui qui sert… Ou encore : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Jésus est un juge et nous l’entendons aujourd’hui prononcer quelques sentences. Nous sommes transportés en un tribunal où nous serons appelés à comparaître. Ne l’oublions pas, dans la Profession de Foi, le Credo, nous disons à propos de Jésus : Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin.
Nous sommes donc placés devant la scène du Jugement dernier. Un jugement dernier qui ne veut seulement pas dire final pour une fin des temps que nous plaçons peut-être dans un imaginaire lointain, mais ce jugement concerne aussi les vivants que nous sommes.
Il est le critère décisif qui juge de la qualité de notre vie et de la validité de nos actes. Rien ne sert de vouloir le contourner ou de se contenter de le regarder comme un œuvre d’art, comme cette magnifique et terrible scène représentée par Michel Ange sur la paroi derrière l’autel de la chapelle Sixtine.
Nous sommes ici dans la réalité et le réalisme de la vie. Cette scène est aussi celle des tympans des cathédrales ou des basiliques médiévales, comme à Vézelay et à Chartres, comme pour dire à celui qui s’apprête à franchir le seuil du sanctuaire : regarde ta vie et pense à ce qui t’attend un jour.
Ce jugement prononcé par le Maître du Temps et de l’Histoire, le Christ Seigneur de l’univers, sera établi sur des critères précis et deux questions serviront à l’établir : As-tu servi ? As-tu aimé ?
Les questions sont simples et claires. Le critère du discernement face à l’éternité, sera l’amour terrestre vécu au nom du Christ.
Il s’agit de faim et de soif apaisées, de malade et de prisonnier visités. Il est fait appel à la responsabilité de chacun et il n’y a pas de faux-semblant ni de formules qu’on dirait politiquement correctes, ni de réponses emberlificotées qui ne convainquent que celui qui les prononce.
Il est simplement question d’une charité en actes. Pour chacune de nos initiatives, mais aussi pour chacune des occasions négligées, Jésus pourra et peut dire : « J’ai pris cela pour moi ».
En d’autres passages, l’Ecriture le dit : « Sans œuvres la foi est vaine et morte » écrit saint Jacques. (Jc 2, 14-26). Et saint Paul ajoute que sans l’amour, la charité, toutes nos paroles et non intentions sont vaines. (1 Co, 13).
La relation à Dieu n’est pas de l’ordre des rapports interplanétaires ou du spiritisme. Elle se réalise très concrètement à travers nos relations humaines. « Celui qui dit qu’il aime Dieu qu’il ne voit pas et qui n’aime pas son frère est un menteur », écrit St Jean (Jn 4, 20).
Nous connaissons que nous sommes vraiment disciples du Seigneur à la manière dont nous nous aimons les uns les autres et à la manière dont nous sommes capables, avec Lui et par sa grâce, de nous mettre au service des autres.
Dieu a un visage parmi les hommes et ce visage est rejoint par l’amour, non pas l’amour sentimental, mais l’amour très concret qui s’exprime par le service.
Le service de nos semblables atteint en fait la personne de Dieu lui-même. Tout geste, toute action et toute démarche pour venir en aide à notre prochain nous mettent objectivement en relation avec Dieu.
La révélation qui jaillit de cette page de St Matthieu, c’est donc que la vie éternelle est déjà commencée et ceci dans les plus petits événements de charité dont nous sommes témoins et acteurs. Il n’est pas question d’attendre demain, ni l’heure de notre mort, pour rencontrer le Seigneur.
Dès maintenant, à travers nos gestes ou nos refus, se tisse de manière décisive la vérité de notre rencontre avec le Christ, la vérité de notre être chrétien.
† Alain Guellec

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