INTERVIEW | Le Père Pierre Doat et les Anges

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Publié le 12 mai 2024

Le Père Pierre Doat, Recteur du Sanctuaire du Mont-Saint-Michel, vient de publier Le Roman des Anges. Il a accepté de répondre à nos questions.

Bonjour mon Père, Le Roman des Anges vient de paraître et, dès les premières lignes, on y trouve une proximité de ton avec La Tactique de Diable de C.S. Lewis. On constate d’ailleurs aujourd’hui la croissance d’un courant chrétien d’œuvres évangélisatrices, souvent de très grande qualité, que cela soit dans la littérature, l’animation, les séries télévisées, etc. Votre livre s’inscrit, il me semble, dans ces productions, qui ne sont pas de la vulgarisation, mais qui relèvent plutôt d’une mise en contact entre le monde spirituel et notre monde très matérialiste. Pourriez-vous nous dire en quoi votre livre, et il l’est, vous a paru nécessaire ? 

Je suis touché du parallèle que vous faites entre ce petit roman et l’immense chef d’œuvre de C.S. Lewis, qui a effectivement fait partie de mes inspirations. À vrai dire, l’idée d’écrire un roman pour parler des anges est apparue être la solution la plus logique pour atteindre l’objectif que je visais : la libraire du sanctuaire du Mont-Saint-Michel possède, comme il se doit, un rayon spécialisé sur les anges et saint Michel. Selon moi, il manquait un type d’ouvrage, adapté au public que nous accueillons, souvent peu formé aux questions de la foi, spécialement sur la question des anges. Il y a un an, je me suis dit qu’il fallait écrire quelque chose qui soit à la fois didactique, catéchétique, et si possible stimulant. Le meilleur media m’a semblé être le roman, qui permet à la fois d’attirer le lecteur (par l’histoire racontée, les personnages auxquels on s’attache…), et de le conduire à une réflexion qui dépasse la lecture au premier degré.

On entend souvent dire ça et là, que même les croyants ne se préoccupent pas assez de leur ange gardien. C’est d’ailleurs étonnant, alors que l’ange gardien est une figure qui reste très présente quelles que soient les religions et qui est souvent invoquée dans le langage courant, même par des personnes qui se prétendent athées. Pensez-vous que nos anges gardiens, au-delà de leur fonction protectrice, soient aussi des vecteurs d’évangélisation ? Est-ce que le fait d’être Recteur du Sanctuaire du Mont-Saint-Michel, royaume de l’Archange Saint Michel par excellence, a été source d’inspiration ?

En réalité, les croyants sont souvent les derniers à s’intéresser à leur ange gardien. Un théologien dominicain de Lyon, le Père Ange Rodriguez, avait l’habitude de faire remarquer que les chrétiens pratiquants s’étaient peu à peu désintéressés des anges, probablement parce qu’ils avaient arrêté de croire en l’existence du démon. Si le démon n’existe pas, alors les anges sont devenus inutiles. Pas d’adversaire spirituel, pas de compagnon spirituel.

Or, la foi dans les anges n’est pas une option qu’on pourrait choisir de ne pas croire. Si vous arrachez de votre Bible toutes les pages ou apparaît le mot « ange », il ne vous restera plus qu’un livret de quelques centaines de pages !

Les anges sont omniprésents dans la Révélation, et, aussi étonnant que cela puisse paraître, ils sont omniprésents dans l’expérience humaine. Je ne connais pas de religion, ni de croyance de religiosité qui n’affirme pas l’existence d’être spirituels « situés » entre le divin et le monde terrestre. Au Mont, il n’est pas rare d’entendre des visiteurs nous dire : « Jésus, je ne sais pas si j’y crois, mais les anges, j’en suis sûr ! ».

C’est précisément notre rôle au sanctuaire du Mont, de conduire de cette « conscience » de l’existence du monde angélique à la rencontre avec le Christ, qui est, comme le dit le Catéchisme de l’Église Catholique, au centre du monde des anges.

Dans une société qui a tendance à aseptiser nos existences, avez-vous voulu prendre le contrepied des prêt-à-penser du moment en évoquant la mort, non seulement sur le plan spirituel, mais aussi en la rendant quotidienne, naturelle et, si j’ose dire, vivante ? La construction narrative semble d’ailleurs très explicite puisque sont alternés « chapitre au Ciel » et « chapitre sur Terre ».

Je ne sais plus qui a dit qu’il n’y a pas de défunts, il n’y a que des vivants : des vivants qui sont au ciel, et des vivants qui sont sur terre. La mort est un passage, et nous avons souvent tendance à laisser nos défunts « bloqués » dans la mort, alors qu’ils sont bien vivants, en Dieu. Cet aspect du Roman des Anges visait surtout à insister sur la fraternité qui unit le Ciel et la Terre, fraternité dont les anges sont en quelque sorte les agents spéciaux.

Comme La Tactique de Diable, pardon, j’y reviens, votre ouvrage ne s’adresse pas à une tranche d’âge en particulier mais s’adresse à tout croyant ou non-croyant, à tout pratiquant ou non. Mais à qui, si on voulait en faire cadeau, pensez-vous qu’il faudrait l’offrir ? Dressez-nous un portrait-robot de votre ou de vos lecteur(s) idéal/idéaux…

Pour ne rien vous cacher, j’ai écrit ce livre en pensant aux visiteurs du Mont. À ces 3 millions de personnes qui visitent chaque année la demeure de l’Archange. Et parmi eux, il y a des chrétiens, des non-chrétiens, des jeunes et des moins jeunes. Je l’ai plutôt écrit pour des adultes et grands adolescents, mais il a plu à mes neveux de plus de 12 ans ! Je dirais que le portrait-robot d’un lecteur du Roman des Anges est celui d’une personne qui cherche Dieu, qui rêve que le ciel soit plein plutôt que vide, et qui a conservé, de son enfance, un goût prononcé pour la joie et la poésie !

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