Fin de vie : tous concernés

Mouvement Chrétien des retraités (MCR)

Publié le 8 janvier 2024

Compte-rendu de la récollection annuelle du Mouvement Chrétien des Retraités (MCR) de novembre 2023, par Jacques Laffont de Colonges

Le fin de vie . Notre aumônier nous invite à approfondir ce sujet et à nous informer de ce qui se passe et se prépare. Dans ce but, il s’est rapproché de gens de terrain pour y voir plus clair sur le sujet. Invitation bien reçue, le jour J, nous étions 75 personnes à la Molle. Et la teneur des informations transmises a satisfait les présents.

Les intervenants

  • Docteur Robert Sartre : le médecin qui a été responsable des premiers lits identifiés de Soins Palliatifs et de la première équipe mobile de Soins Palliatifs de Tarn et Garonne.
  • Madame Christine Jean : la coordinatrice du DAC 82 – dispositif d’appui à la coordination – (anciennement Réseau Palliadol).
  • Notre évêque : Mgr Alain Guellec

quelques citations du Docteur Sartre

  • « J’ai fait une loi pour ceux qui vont mourir, pas pour ceux qui veulent mourir. » Jean Leonetti.
  • « Je dirai même que c’est Dieu qui nous a doté de l’intellect, de la capacité à chercher la vérité. S’habituer au pire est un terrible fléau. » Propos du Pape François dans le film Laudato Si.
  • Il nous délivre aussi sa conviction et d’une certain manière un appel à notre responsabilité : « Toutes les sentinelles sont responsables de l’Empire. » St Exupéry.

Une loi en préparation peut mettre en place « le suicide assisté » ou « l’euthanasie » en complément de ou à la place de la loi Claeys-Leonetti qui met en place « les Dispositions anticipées » et autorise « la sédation profonde » dans des conditions bien encadrées. Des pays ont déjà mis en place « le suicide assisté » ou « l’euthanasie ». Nous sommes inquiets vu le contexte :

  • Dans le contexte actuel de l’état de dégradation de l’offre de soins en ville et à l’hôpital n’est-il pas dangereux de modifier cette loi si ce n’est avec une main tremblante ?
  • Des mutuelles sont favorables au suicide assisté et à l’euthanasie ; or ce sont les 6 derniers mois de la vie qui coûtent le plus cher.
  • A noter qu’il existe une tension entre l’attachement à solidarité de la nation vis-à-vis des plus   vulnérables et les plus démunis d’une part et le désir d’autonomie (liberté individuelle) d’autre part.
  • L’interdiction de donner la mort dans le cadre de la médecine n’est pas seulement une exigence d’ordre moral, mais aussi un interdit qui structure l’action médicale.

Que cet exposé puisse amener quelques-uns des auditeurs à dialoguer, encourager et soutenir nos politiques et nos médecins dans la mesure de leurs possibilités ?

Voici donc l’exposé entendu :

  • la loi Claeys-Leonetti du 3 février 2016 entrée en application en août 2016. Cette dernière précise dans quelles conditions l’arrêt des traitements et la mise en sédation profonde peuvent être décidées. La loi Claeys – Léonetti est très mal connue et bien insuffisamment appliquée.
  • Cette loi définit le dispositif des « Directives Anticipées » et que faire quand les directives ne sont pas données.
    Nota : Ce point des Directives Anticipées est important à connaître. Vous pouvez demander le développement de ce point : il existe des formules préétablies et des consignes pour savoir ou les déposer pour qu’elles soient là ou il faut le jour venu.
  • Pour préparer ces lois il y a eu un Comité d’Ethique mise en place du coté expertise et une Convention Citoyenne constituée de « 184 participants tirés au sort, illustrant la diversité de la société française » du côté démocratie participative. A noter que le Comité d’éthique ouvre la voie à une aide active à mourir avec une ligne rouge :
    « Il ne serait pas éthique d’envisager une évolution de la législation si les mesures de santé publique recommandées dans le domaine des soins palliatifs ne sont pas prises en compte. »

Je suspens le déroulement de l’exposé.

Les soins palliatifs : côté église : tandis que les évêques de France en 1991 se réjouissent dans leur document Respecter l’homme proche de sa mort que les pouvoirs publics français aient encouragé le développement de ces méthodes (« méthodes de soin et de traitement de la douleur et des autres sources d’inconfort dont les pionniers sont anglais Saint-Christopher’s Hospice en 1967 ») et en 1995 le pape Jean-Paul II les évoque dans sa lettre encyclique l Evangile de la vie (numéro 65).

La mise en place à ce jour n’est que partielle : 21 départements n’ont pas de service de soins palliatifs. Il y a donc une crainte que ce que l’on a considéré comme une avancée soit relégué au second plan. Toutefois les intervenants nous donnent une raison d’espérer : Les évêques approuvent la « voie française » qui évite l’acharnement thérapeutique et promeut les soins palliatifs.

Pour le Tarn-et-Garonne, nous avons eu un récit précis de la mise en œuvre dans le département par deux des acteurs : nos deux intervenants : à savoir le Dr Sartre a eu la responsabilité des premiers lits dédiés à de tels soins et Madame Jean est à l’initiative de ce réseau qui coordonne tous ceux qui autour d’un patient donné mettent en œuvre ces soins palliatifs dans le cadre d’une hospitalisation à domicile.

Là aussi si certains d’entre nous voulait aider bénévolement il y a des possibilités.

La Convention citoyenne. A noter le sérieux de l’organisation. Nous relevons entre autre :

  • 9 week-end de travail sur 4 mois de décembre 2022 à AVRIL 2023.,
  • La commission a entendu longuement, avec échanges de questions :   
             – Les acteurs de terrain (professionnels de santé des soins palliatifs, bénévoles…)
             – Les représentants des grandes religions.
             – Des philosophes, les diverses loges Franc-maçonniques.
             – Le président de l’ADMD (Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité), etc.

Au terme de ces sessions de travail, la convention citoyenne a été amené à se prononcer : à 75,6% la Convention citoyenne est en faveur d’une aide active à mourir, à la fois par l’euthanasie et le suicide assisté. Toutefois elle donne ce préalable : la capacité de discernement du patient, ou, la volonté du malade exprimée par la personne de confiance.

L’ordre des médecins

Ce 75% est à rapprocher d’une consultation effectuée à la même période par l’ordre des médecins j’extrais le leur communiqué de presse du premier avril : « Si la loi vient à changer vers une légalisation d’une aide active à mourir (euthanasie et/ou suicide assisté), l’Ordre des médecins entend faire valoir dès à présent qu’il sera défavorable à la participation d’un médecin à un processus qui mènerait à une euthanasie, le médecin ne pouvant provoquer délibérément la mort par l’administration d’un produit létal… »

Je reprends le fil de l’exposé :

  • L’euthanasie et le suicide assisté dans d’autres pays. : Canada (Québec), Les Pays Bas, la Belgique, la Suisse, l’Espagne et l’Italie, Etat de l’Oregon (USA).
    Les dangers de ces lois sont palpables : aux Pays Bas, pour Théo Bauer (professeur d’éthique), il y a une diminution de la tolérance de la société pour faire face aux épreuves de la vie. Il constate un dérapage des causes physiques vers les causes sociales. (chômage, pauvreté, solitude).il parle de «  scénario de désespoir organisé. » ; dans l’état de l’Oregon, 80% des demandes de suicide assisté concernent des circonstances d’isolement affectif et/ou la crainte de peser sur ses proches. ; la Suisse avec l’assistance médicale au suicide est confrontée au phénomène du tourisme de la mort ; la Belgique autorise l’euthanasie active : La  Commission fédérale de contrôle avoue explicitement son impuissance à contrôler l’application de la loi)
  • Avis de la conférence de France :
    Le besoin essentiel est d’être considéré, respecté, aidé, accompagné, non abandonné.
    Besoin de relation et de proximité après soulagement de la souffrance physique.
    Elle préfère la formule Aide active à vivre
    Les évêques approuvent la « voie française » qui évite l’acharnement thérapeutique et promeut les soins palliatifs.
    Les évêques appellent à la fraternité et non à la légitimation de l’euthanasie.
  • Notre évêque nous a présenté la lettre pastorale des évêques de France aux fidèles catholiques « Ô-mort, où est ta victoire ». Ne voulant pas garder la parole trop longtemps Il nous a donné lecture de l’avant dernier paragraphe intitulé « L’aide active à vivre ».
  • Notre journée était prête à recevoir cette conclusion proposée par le Dr Sartre :
  • Deux expressions de la fraternité sont mises en tension :
    • L’une s’exprime dans l’aide à mourir. (attention à une loi qui serait incitative au nom d’une glorification de l’autonomie à tout prix ,ce même devoir de fraternité ne va-t-il pas être atteint ?)
    • L’autre dans « l’aide active à vivre » jusqu’à la mort dans des conditions permettant le soulagement des souffrances et le respect de l’autonomie des personnes

Pour conclure notre récollection, nous sommes allés dans la chapelle des Sœurs de l’Ange gardien pour participer à l’Eucharistie présidée par notre évêque .

Pour ceux qui voudraient approfondir, le MCR a mis en place une page sur le site internet du diocèse : https://www.diocese-montauban.fr/mouvements/mouvement-chretien-des-retraites-mcr/fin-de-vie-tous-concernes/ qui, en plus du résumé, vous donne une bibliographie et un certain nombre de liens vers des sites internet, des documents et des vidéos qui relatent les diverses interventions pour approfondir le sujet.

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Mouvement chrétien des retraités (MCR)

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