La parabole est très simple : c’est la relation d’un père avec ses fils. La plupart des auditeurs vont comprendre. Au centre du récit : « un père avait deux fils » Tout est là, dans l’égalité d’amour de la part du Père pour chacun de ses enfants. Dieu, notre Père, nous aime chacun d’une manière unique et totale.

Dans la Parabole cet amour se traduit par la liberté laissée au fils qui veut partir. Le Père le laisse libre : « il partage  SES  biens » mais il sait qu’en s’éloignant de lui son fils va perdre sa liberté (paradoxalement !!!) et, évidemment, l’argent.

Nous saisissons là ce qu’est le péché : c’est s’éloigner du Père, vivre comme s’il n’existait pas et, pourtant, vivre de son bien. Le Père est vu comme quelqu’un à utiliser et non à aimer. Le fils prend le bien du Père sans lui donner l’amour. Ce péché est dans notre vie très fréquent : nous voulons ce qui nous plaît sans la contrepartie. Or, l’amour est un don gratuit, le Père le donne, le fils le prend et le gaspille.  Notre péché c’est utiliser à notre seule fin tout ce que Dieu nous donne : intelligence, cœur, corps, argent, et tous les autres à commencer par son conjoint, ses enfants, ses parents, etc… Nous voulons le bien de Dieu sans Dieu, nous voulons être héritiers sans le Père de qui vient tout bien. Comme le fils nous partons et nous abandonnons l’amour du Père pour l’amour de nous-même.

Le fils prend un jour conscience de sa faute : « je retournerai chez mon Père et je lui dirai… » Pour nous il en est de même : notre première démarche est de rentrer en nous-même, de retrouver notre âme profonde et de nous mettre en vérité devant Dieu.

Le Père ne regarde pas ce qui pousse le fils à revenir et, pourtant, il ne semble revenir que parce qu’il a faim. Mais le Père l’attend et au moment où le fils se reconnaît coupable le Père le relève et le ramène sur son cœur. Le Père pardonne : il ne dit pas que le fils n’a pas péché, il ne minimise pas, mais il ramène l’égaré dans sa maison. Il lui rend ce qu’il a gaspillé. Il y a bien au centre de cette parabole le Père et son amour inconditionnel pour chacun de ses enfants. C’est ce que le fils a compris, puisqu’il se met en route et montre par là qu’il a gardé confiance envers son père et que trouve-t-il ? Le Père qui l’attend et lui ouvre les bras. Il commence à demander pardon et, aussitôt, le Père le relève. Il est pardonné et il reçoit tout ce que le Père peut donner, tous les signes d’une alliance retrouvée. Ce Père c’est évidemment Dieu notre Père qui fait miséricorde, qui pardonne sans condition si nous revenons vers Lui.

Pendant ce temps le fils aîné ne comprend pas et accuse et son frère et son père. Il est pécheur, lui aussi, à sa manière : il refuse de pardonner à son frère et il en a, en fait, la même attitude : il définit l’usage que le Père doit faire de son bien. Or, il ne vit pas dans l’amour du Père mais dans la loi et il ne peut pas pardonner parce qu’il ne se laisse pas aimer par son Père : « Tout ce qui est à moi est à toi » lui dit pourtant le Père. Il n’a pas compris, il craint, il suspecte son Père, il le juge et il s’enferme dans sa rancune. Il s’exclut lui-même de l’amour du Père. Il se sent incompris et se referme sur lui-même incapable de se réjouir du retour de son frère qui était perdu.

Il nous faut maintenant relire la deuxième lecture et l’appel pressant de saint Paul : « laissez-vous réconcilier avec Dieu » « celui qui n’a pas connu le péché Dieu l’a pour nous identifié au péché » : le juste des justes a pris tous les péchés du monde pour nous sauver. C’est à cette réalité que nous saisissons la miséricorde de Dieu : Dieu ne mesure pas son amour, il l’offre à chacun totalement. Notre conversion vient quand nous prenons conscience que nous sommes aimés de Dieu et que nous pouvons à notre tour aimer et pardonner sans condition. Le temps du Carême nous demande de « changer nos cœurs ». Notre cœur se convertit, se laisse transformer pour devenir semblable au cœur du Christ.

+Monseigneur Bernard Ginoux

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