UN MYSTÈRE

En lisant l’évangile de ce troisième dimanche de Carême (24 mars) je me suis arrêté sur la première partie (Luc 13, 1-5). Jésus part de deux « faits divers » récents : des Galiléens que Pilate a fait massacrer d’une part et d’autre part l’effondrement de la tour de Siloé qui a causé la mort de dix-huit personnes. La question de Jésus est simple : ces victimes étaient-elles coupables ? Etaient-elles de grands pécheurs ? La réponse de Jésus est claire : Non ! Mais il ajoute en même temps : « Convertissez-vous ». Cette injonction pressante nous remet bien dans la ligne du Carême.

Le mystère de la Providence. La foi en la Providence Divine est aujourd’hui un mystère difficilement admis par les chrétiens. Les horreurs du vingtième siècle que notre époque revit d’une autre manière laissent penser qu’on ne peut plus dire sereinement que Dieu veille sur nous et encore moins qu’il est le « Tout-Puissant ». Nous aurions tendance à penser que le monde terrestre où nous nous débattons est étranger à l’intervention de Dieu. Il est vrai qu’il faut se défaire d’une interprétation fausse et littérale de la Providence Divine qui serait de dire sans cesse que « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes » (Voltaire a raillé cette philosophie dans son conte « Candide »). Le mystère de la Providence Divine n’est pas cette approbation béate de tout ce que je subis. C’est la reconnaissance du passage de Dieu dans ma vie, de sa présence. La Bible l’enseigne à travers l’Histoire Sainte : le livre de l’Exode montre combien le cœur de Pharaon « s’endurcit » contre les Hébreux mais Dieu suscitera Moïse et libérera son peuple. Jésus voit bien dans sa Passion la volonté de son Père qui est à l’œuvre mais en même temps il adhère pleinement à cette volonté qui permet le salut de l’humanité. C’est le plan d’amour pour les hommes que le Fils accomplit dans la confiance. Saint Paul peut dire « Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment. » (Romains 8, 28). Les saints ont pleinement compris cette réalité : l’œuvre de Dieu ne s’arrête jamais et les saints reconnaissent dans leurs difficultés, dans leurs croix parfois extrêmement lourdes, la présence aimante de Dieu. C’est ce qui faisait dire à sainte Thérèse d’Avila : « Personne, Seigneur, après vous avoir choisi pour ami n’a jamais été abandonné ». Le Catéchisme nous enseigne de croire en la Providence Divine et il tente de la définir : « Nous appelons Divine Providence les dispositions par lesquelles Dieu conduit sa création vers sa perfection » (n°302). Il s’agit donc d’un cheminement, de la création qui se poursuit, d’un monde qui est encore « en travail d’enfantement », comme nous sommes en chemin de sanctification, dans l’attente de parvenir enfin dans la gloire de Dieu.

Le mystère de la foi

Nous vivons dans un monde où tout semble contredire la foi en la Providence Divine parce que cette attitude suppose la confiance, l’abandon filial à Dieu notre Père. Nous avons peine à croire que nous sommes dans les mains de Dieu, et pourtant Jésus nous avertit : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît » (Luc 22, 12-31). Nous savons que quoi que nous fassions nos jours sont comptés et que nous ne pourrons en ajouter un seul. Evidemment l’obstacle essentiel à la foi en la Providence Divine est le mal qui prend parfois les plus horribles formes, qui détruit l’innocent et ravage le monde. Nous affirmons avec les Ecritures et l’enseignement de l’Eglise que Dieu ne connaît pas le mal, qu’il est en dehors de ce néant, qu’il n’est qu’amour. Les saints nous font découvrir que Dieu dans sa Providence a vaincu le mal en Jésus-Christ, par la surabondance de sa grâce il a glorifié le Christ et racheté les hommes pour glorifier tous ceux qui accueilleront sa grâce. Ainsi Saint Augustin peut-il écrire que « Dieu est assez puissant et bon pour faire sortir le bien du mal lui-même ».

 Entrer dans la confiance

Aujourd’hui, devant le péché des hommes et celui des hommes d’Eglise beaucoup sont déroutés, bouleversés et ne comprennent pas. L’Eglise vit une épreuve qui fait mal. Certains sont tentés par l’abandon, le rejet de l’Eglise, l’amertume. En écrivant ces quelques lignes sur la Providence Divine je veux rappeler que le Seigneur notre Dieu, Père bon et miséricordieux veille sur ses enfants. Le mal reste un mal et la dernière demande du Notre Père « Délivre-nous du Mal » est capitale parce que le mal (le Satan, le diviseur, l’Homicide, le diable…) rôde pour arracher à Dieu sa création. La réponse n’est pas la fuite mais la conversion dans une fidélité plus grande au Christ. Le combat est rude mais la présence du Sauveur est là et Dieu est notre Père qui s’occupe de chacun de ses enfants. Il pardonne, il habite en nous et il nous garde sur le chemin. Déjà avec lui nous sommes en train d’être transfigurés en attendant de l’être pleinement dans son Royaume. Les événements du moment sont une épreuve pour chacun d’entre nous et pour l’Eglise du Christ mais la confiance demeure. Comme il le disait à ses apôtres, Jésus nous dit : « Prenez courage, j’ai vaincu le monde. » (Jean 16, 33). 

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