Des extraits de son testament spirituel


« Dieu m’a appelé à être prêtre. Quel chemin parcouru depuis le séminariste tellement curé jusqu’à aujourd’hui ! Oui, j’ai énormément évolué, mais, à aucun moment je n’ai regretté d’être prêtre. Et, pour moi, l’appel à croire a toujours été lié à l’appel à être prêtre. Il m’a été donné d’aimer d’un même amour Dieu, la terre et les hommes, et d’y trouver la joie, certes pas toujours la facilité. […]

« Eglise, ma mère, je te dois toute ma foi, ma vie, mon sacerdoce»

Trouver Dieu dans la vie des hommes

Je veux joyeusement remercier Dieu et tous mes camarades de m’avoir ainsi obligé à approfondir et à mieux aimer mon sacerdoce dans la lutte pour que tout homme soit respecté, pour que ce soit l’homme et non l’argent qui soit honoré. Et, si je n’ai jamais regretté mon sacerdoce, c’est bien dans cette logique là. […] C’est l’Action catholique qui m’a ouvert à la conscience de la vie des hommes, qui m’a fait découvrir que l’engagement au service des hommes était un chemin capital de la mission de l’Eglise. C’est elle qui m’a posé la question de l’engagement dans la vie réelle par le travail salarié et les conditions de vie que ça implique. Je ne regrette pas d’avoir risqué de me tromper en me mouillant dans ce que j’estimais être la logique de l’Evangile auquel je suis voué. Je ne regrette certes pas d’avoir partagé, comme j’ai pu, la vie et les questions des hommes et d’avoir ainsi pris parti. Ni surtout d’avoir risqué que ma propre foi soit, par là, remise en question. […]

Aimer l’Eglise comme une mère

J’ai souvent dit – et c’est profondément vrai pour moi – quand je mourrai, la seule chose que je regretterai, c’est la vie. Oui, parce que je crois en un Dieu qui est dans cette vie. Et ce Dieu, je crois le retrouver. Oui, j’aimerais que, de penser à ce qu’on a construit ensemble, par delà la mort dont je ne crois pas qu’elle soit la fin de tout, ça nous fasse chaud au cœur.

Ces richesses, je regrette de n’avoir pas su les offrir à ma mère l’Eglise, de n’avoir pas assez su lui témoigner. Ce Dieu que nous avons mission de dire, il était là aussi, déjà à l’action avec les hommes et les femmes qui luttent pour l’homme. Et tu m’as aidé à l’y reconnaître. Eglise, ma mère, je te dois toute ma foi, ma vie, mon sacerdoce et ce qu’il signifie. Et d’abord, tu m’as donné cet Evangile de Jésus-Christ, au nom duquel j’ose t’interpeller. Et c’est pourquoi j’ai mal de tes insuffisances, et de ce que je sais être mes insuffisances… Mais c’est aussi pourquoi, pas un instant, je n’ai envisagé de pouvoir être séparé de toi. Je voudrais que mes camarades et amis le sachent et aussi que, quelles qu’aient été ses incompréhensions et ses maladresses, cette Eglise n’a jamais entendu nous séparer d’elle.

Avec le grand âge, savoir se retirer

Au seuil de cette vieillesse, il m’a semblé indispensable de rompre moi-même les attaches à mes engagements divers. Parce qu’il faut, je pense, savoir laisser à temps sa place. Parce que je sais aussi très bien que, dans ce genre d’engagements sociaux, on ne te dira jamais « Tu as fait ton temps, dégage ! ». Il faut savoir le faire soi-même. Mais je constate que c’est, peu à peu, faire le vide autour de soi. Je veux dire le vide d’engagement social et communautaire. C’est ainsi. Au moment où j’écris ceci, je comprends bien que c’est à moi à trouver comment être utilement engagé et donné. Compte tenu de mes énormes limites de santé et de mes limites intellectuelles croissantes… Compte tenu aussi de la nécessaire discrétion qu’un retraité doit avoir.

Je demande au Seigneur que, dans cette lente et inévitable progression vers les limites définitives du grand âge, j’arrive à savoir échapper à la tentation du repli sur soi, de l’égoïsme et du « rabachage ». Je crois, Seigneur. Viens au secours de mon peu de foi.

Louis Escudié, 26 mai 1999
BC 14/10/2009

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