Lauzerte, une communauté qui était en attente

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Publié le 16 juillet 2020

L’abbé Emile Kofor engage sa communauté
dans une conversion du regard sur les autres

ACCUEIL ET FRATERNITÉ

« L’évangélisation fait naître une communion de personnes et de communautés »

L’abbé Émile Kofor, prêtre Fidei Donum du diocèse de Garoua au Cameroun, est arrivé à Lauzerte il y a deux ans, après une année passée à Montauban. Avec un grand sens de l’ouverture aux autres, il construit, discrètement et fraternellement une spiritualité de communion.

Quelle « communauté » avez-vous trouvé en arrivant à Lauzerte, en devenant le curé de cet ensemble paroissial ?

C’était une communauté en attente, en attente de changement et de renouveau. Au fil des mois, j’ai senti qu’il y avait du potentiel et qu’avec l’Esprit Saint, nous arriverions à aider les gens à mettre en valeur ce qu’ils avaient reçu. J’étais en présence d’une communauté d’abord ouverte à une vision pastorale diocésaine, malgré la distance et ensuite réceptive pour avancer. Il est important de dire que la population de l’ensemble paroissial regroupe principalement des agriculteurs et des retraités. L’été, les paroisses voient arriver pas mal de touristes, des personnes ayant des résidences secondaires, des pèlerins de Saint-Jacques et des artistes. En période estivale, c’est très animé alors que l’hiver la communauté se réduit. Pour vous dire, il y a entre 50 et 70 personnes à la messe le dimanche à Lauzerte. C’est un peu dur à cette période.
La première Toussaint que j’ai vécue ici l’a été sous le signe de l’ouverture des églises. Les petites communautés se sont senties reconnues et petit à petit elles ont eu le sentiment d’appartenir à une plus grande communauté, celle de l’ensemble paroissial de Lauzerte. Au point que, maintenant, le cinquième dimanche du mois, il y a une seule messe à 10 h 30 dans une des églises de l’ensemble paroissial. À la fin de la messe, un verre de l’amitié accompagne un temps d’échange informel. Parfois les églises sont trop petites pour accueillir tout le monde. Mais chaque fois toutes les communautés sont représentées. C’est aussi dans cette perspective d’une attention accrue aux périphéries que nous avons décidé de créer un journal propre à l’ensemble paroissial, Lou Camin. J’ai trouvé de personnes très volontaires qui ont compris l’intérêt de cet outil pastoral d’évangélisation, j’ai constitué un petit groupe de communication et de rédaction. Nous en sommes au troisième numéro et il est bien accueilli. Grâce au journal, de nouvelles personnes viennent aux célébrations dominicales. A la fin desquelles nous avons pris aussi l’habitude de remercier les participants en nommant les paroisses et quand j’en oublie les gens se signalent eux-mêmes ! Nous avons créé un sentiment d’appartenance à la communauté plus fort.

Comment vous organisez-vous au sein de l’ensemble paroissial ?

Nous avons des groupes spécifiques, comme celui de la liturgie, avec maintenant un responsable bien identifié, qui coordonne un programme mensuel. Il y a un groupe par village qui prépare la messe du dimanche. Il y a aussi une chorale « Gospel » à Sainte-Thècle qui peut animer des messes. La catéchèse s’organise dans chaque secteur, je pourrais aussi citer le conseil économique et la perspective de créer une équipe pastorale. Un atelier de chant occitan répète au presbytère, il est composé de catholiques pratiquants et de non catholiques. J’y participe et ils ont même appris un chant camerounais, les échanges se font dans les deux sens !
D’une manière plus générale, je pense qu’il faut faire confiance aux autres et donner la possibilité aux personnes nouvellement rencontrées de s’exprimer. Les gens sont pleins de talents mais souvent ils sont un peu étouffés…

Lauzerte et les environs sont des lieux de passage pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, que leur proposez-vous ?

A Lauzerte même, tous les jours il y a la messe à 18 h. Nous avons cherché comment nous pourrions accueillir ces pèlerins. Il nous fallait un geste symbolique. A la fin de la messe, nous invitons ceux qui le désirent à faire, dans l’église, une petite procession à la suite d’un cierge décoré spécialement sur le thème de Saint-Jacques. Elle part d’une chapelle latérale et va jusqu’à la statue de la Vierge. Nous faisons aussi, à la demande un accueil dans un local pour ceux qui sont dans l’attente de l’ouverture des gîtes. Il y a cependant assez peu de monde, si ce n’est de personnes qui sont en difficultés. Nous avons, par ailleurs, de bons liens avec les propriétaires de gîtes et les échanges sont réguliers.

Vous parliez d’artistes présents dans la région, quels rapports entretenez-vous avec eux ?

Dès mon arrivée, j’ai noué de liens avec ce milieu, composé d’artistes et d’artisans d’art. Il y a deux repas hebdomadaires, le vendredi et le samedi, toute l’année et je participe dans la mesure du possible à au moins un des deux. Dans le groupe, il y a des croyants et des non-croyants mais l’atmosphère est propice au dialogue. Ce sont des repas à thème, chacun, à tour de rôle en propose un. La réflexion est au cœur de leur démarche. C’est ce qui devient la pensée de la semaine, une sorte de benedicite avant le repas. Je me rends compte que nous avons besoin d’une « catéchèse » nouvelle. Le côté rite, protocole des célébrations leur convient peu. Lorsqu’ils viennent et ils sont finalement nombreux, c’est pour écouter mon homélie.

                                                          Recueilli par JF Laparre

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